Observatoire des inégalités, un état des lieux des inégalités

L’Observatoire des inégalités est un organisme indépendant d’information et d’analyse sur les inégalités. Cet organisme cherche à établir un état des lieux des inégalités le plus complet possible et à publier les analyses les plus pertinentes du phénomène.

Louis Maurin, ancien journaliste à Alternatives Économiques et fondateur de l’Observatoire avec Serge Monnin et Patrick Savidan, a accepté de répondre à quelques questions.

observatoire-inegalites

Pourquoi avoir voulu créer un Observatoire dédiée aux inégalités ? N’y avait-il pas suffisamment de données statistiques en France sur les inégalités ?

Louis Maurin : Nous avons créé l’Observatoire des inégalités pour deux raisons. D’une part, effectivement, l’insuffisance de données et leur diffusion. Les choses ont avancé, mais on reste loin du compte. On ne sait pas dire par exemple d’où vient le fait que les « noirs » sont plus souvent au chômage que les autres : est-ce que cela vient de leur couleur de peau ou de leur milieu social ? On ne sait rien de l’évolution des hauts revenus après impôts. Etc. D’autre part, pour mieux comprendre. L’immense majorité des commentateurs en reste à une vision restrictive et individuelle « l’égalité des chances »… D’où l’accent mis sur les discriminations. Or de plus en plus on s’aperçoit que le problème est plus global, dans le fonctionnement des institutions, comme l’école ou l’entreprise. Les inégalités sociales sont massives.

Depuis la création de l’Observatoire, quelles évolutions avez-vous pu constater en matière d’inégalités ? Avez-vous des exemples à citer ?

LM : Nous avons souligné avant bien d’autre la progression des écarts de revenus. Il y a 10 ans, on nous regardait  avec des grands yeux, aujourd’hui c’est devenu la tarte à la crème… Mais on se focalise sur les « hyper riches » alors que les écarts sont généralisés. Depuis quelques années, c’est la France d’en bas qui décroche. Le plus frappant vient du côté de l’école, qui fonctionne de plus en plus au profit d’une minorité culturellement favorisée et, en quelque sorte, légitime les inégalités.

D’après vous, quelles mesures économiques et sociales permettraient de réduire en France les inégalités ?

LM : Tout énoncer serait bien long. Il faut réformer l’école. Pas par des mesurettes ou du soutien scolaire : en modernisant notre façon de faire. Il faut faire évoluer les contenus, réduire le niveau de compétition (en soulageant les évaluations), changer la pédagogie. Il faut en finir avec l’élitisme républicain qui est devenu un élitisme social et faire en sorte que tout le monde avance. Il faut réformer la fiscalité, faire en sorte que tout le monde contribue à un effort national plus juste. Pour le reste, arrêtons les discours mous sur les discriminations, la diversité, etc. et agissons concrètement. Par exemple, ouvrons les emplois interdits aux millions d’étrangers qui en sont privés. D’une certaine façon la communication ne sert que de paravent à l’inaction.

L’Observatoire des inégalités a 10 ans

affiche_10_ans_obs_der_-2L’Observatoire des inégalités a dix ans. Quel bilan faire de 10 ans d’observation des inégalités ? Comment peut-on agir pour les réduire ?

A cette occasion, Nina Schmidt, responsable Île-de-France de l’Observatoire des inégalités a accepté une courte interview.

MB : À travers le constat que vous faites , comment, à travers l’Observatoire,  promouvoir une égalité des droits et combattre les inégalités ?

Nina Schmidt : « Depuis sa création, l’Observatoire a contribué à faire émerger le concept des inégalités dans le débat public.
Pour combattre les inégalités, il faut d’abord les comprendre. Notre objectif est donc de les expliquer, de rendre ces informations accessibles au plus grand nombre.

Nous essayons de montrer aussi que les inégalités dans toutes leurs dimensions (de revenus, de santé, d’éducation,…) se cumulent. Certaines s’aggravent notamment depuis 2008 en raison de la dégradation du contexte économique, d’autres au contraire se stabilisent ou s’estompent… »

MB : Comment mesurer les inégalités ?

NB : « Il n’existe pas d’indicateur global pour mesurer les inégalités. Les inégalités sont plurielles : inégalités de revenus, inégalités d’éducation, etc.

On  constate que depuis 10 ans, l’écart de revenu annuel entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres s’est accru. Le nombre de personnes pauvres repart également à la hausse depuis quelques années. Les scolarités s’allongent pour ceux qui sortent le plus tard du système scolaire, alors que ceux qui en sortent le plus tôt le quittent encore plus tôt. Les actifs non-diplômés sont davantage touchés par le chômage.

D’autres inégalités sont plutôt stables, par exemple l’écart entre l’espérance de vie des cadres supérieurs et celle des ouvriers, ou encore l’écart de salaires entre les femmes et les hommes.

Mais il faut aussi reconnaître les améliorations : la part de logements surpeuplés tend à diminuer et la fracture numérique diminue également. »

Pour en savoir plus :

« En dix ans, l’information sur les inégalités s’est améliorée, et l’Observatoire des inégalités a contribué à ce changement. En revanche, les politiques de lutte contre les inégalités n’ont pas toujours été à la hauteur. Par Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités… »